Lundi 9 mai, 119e jour

Je ferai deux ramassages aujourd’hui. Un avant le rendez-vous, l’autre après. Avant, je suis dans l’espoir fou ; ce rendez-vous (professionnel), je l’attendais depuis quinze ans. Et donc, ce matin je vais marcher en retournant mon espoir dans tous les sens. Cet après-midi, j’aurai la réponse, et mon état intérieur subséquent.

Ce qui n’empêche pas les pensées diverses. Je pense à la tortue géante de la Méditerranée, qui se nourrit de méduses. De moins en moins de tortues, de plus en plus de méduses. Et les tortues disparaissent, le ventre plein de plus de trente kilos de plastique et de filets de pêche. C’est aussi pour ça que j’arpente les rues. Je ne peux rien pour les tortues, mais mon geste, humble, est une tentative d’accord avec tout le vivant, là où je suis.

Jacqueline, de sa fenêtre, joue vigie. Je ne perds pas un déchet.

Je ramasse une déclaration d’amour. Elle est très belle. Que fait-elle là ? Pourquoi ? Ce pourrait aussi être le début d’un récit.

Les rues ne sont pas très sales, d’où ma marche longue ; je regarde les prairies fleuries de la cité, je salue les brebis écopâtureuses.

Le soleil est généreux. Je fredonne la balade irlandaise.

Il est temps de me préparer pour le rendez-vous. Je me sens prêt à tout.

Il est 17h. L’entretien s’est bien passé. Je ferai un test lundi prochain. Je n’ai aucune inquiétude, je serai presque certainement de retour sur les ondes de Musiq3 cet été après 15 ans d’absence. Je n’osais plus l’espérer, et voilà que la vie une fois de plus m’offre un merveilleux cadeau.

Et donc, je ramasse, tout en douceur, rêvant du studio, déjà préparant mes interventions. Je suis bien là, occupé à remplir mon sac, et pourtant ailleurs, totalement ailleurs, avec tous les souvenirs de sept ans de ma vie qui reviennent en foule. À partir d’aujourd’hui, je n’en serai plus triste, puisque j’y retourne.

Le sac du matin, avant de savoir, mais sans appréhension.

Le sac du soir, enchanté en chantant.

Que dire, hors Merci ?

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