Il est 14h45. Trop tôt pour ce que je veux faire. Alors je m’en vais travailler deux bonnes heures au champ, et découvrir les trois agneaux nés cette nuit. Ceci contrarie les bergers, les brebis ne sont pas censées agneler avant fin janvier, ce qui leur permet de commencer la fabrication des fromages début mars. Cette fois, les facéties de la nature décalent tout. Pour la plus grande joie des promeneurs.
A 17h, il pleut. Tant pis, je veux remplir un sac ce soir. Spécialement ce soir, le dernier de l’heure d’été. Demain à 17h30, il fera nuit, alors encore une fois marcher dans l’entre chien et loup d’« un peu tard ». Et dans la pluie. J’enfonce mon cou dans le col de ma veste (à peine imperméable).
Cinq minutes plus tard, je ne pense plus à rien, je lutte avec les éléments. Quelques minutes encore, et je ne lutte plus, je fais partie des éléments. Je ne pense rien de plus, mais l’état intérieur a changé.
Et puis, quand même, la promesse de la boisson chaude et des vêtements secs au retour, ben oui, tout va bien.
C’est étrange, cette envie de célébrer une heure. En Afrique il disent « Vous avez l’heure, nous avons le temps. »
Je suis encore loin de cette sagesse-là.