Jour férié.
Aube.
Au commencement, je n’ai pas froid.
Lente montée du jour, lente montée de la rue, avec ma pince et mon sac.
Au haut de la côte, l’horizon rosit. Je regarde, puis retourne au sol. Quand je relève les yeux, le rose a disparu ; le ciel est uniformément gris. Plusieurs arbres nus, mais beaucoup de couleurs encore, dont un érable flambant rouge.
Une ambulance, sirène et feu bleu, dans le feutré du matin.
103 ans que les armes se sont tues. C’était comment, le silence de ce matin-là ? La der des der disaient-ils…
J’ai froid.
Mon grand-père était au front de l’Yser. Y était-il encore le 11 novembre 1918 ?
Canettes, mégots, bouteilles, paquets de cigarettes, langes, papiers divers… Banal ? Oui, mais pas le même banal que les autres jours. Un banal férié.
J’ai très froid.
Et j’ai faim.