Il faisait du vent au départ. En général, il se lève plus tard dans la journée. Ça n’a pas duré, mais que venait-il donc faire là si tôt matin, sinon m’inviter à danser avec mon sac léger ?
Il fait doux ; il fait le temps idéal pour que rien n’encombre.
Je pense au livre reçu l’autre jour, « Une rose et un balai », écrit par cet homme qui depuis plus de 25 ans balaie les rues de sa ville, et qui ne sait pas que c’est par lui que tout ceci a débuté pour moi. Et comme il paraît qu’il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous, il était bien normal que ma vie croise celle des ambassadeurs de propreté de ma cité. Sans eux, je chercherais peut-être encore comment commencer. Ils avaient préparé le terrain. À eux toute ma gratitude.
Je nettoie bien sûr, mais je trouve les rues peu sales aujourd’hui. Ça ne donne aucune perspective pour demain, mais est-ce vraiment important ? Peut-être ce qui importe est dans tout autre chose, une chose dont nous ne savons rien puisque nous sommes la seule personne que nous ne voyons pas dans le paysage. Dès lors, aller, sans plus, et laisser ce possible autre chose au hasard. Ou au rendez-vous ?
Je vais, et donc je vais bien. Oh je sais, le quartier où j’habite est calme et propre, ce qui n’est pas toujours le cas un kilomètre plus loin. Les habitants ont certainement des raisons de s’en plaindre. Je ne pense pas avoir trouvé encore de réponse satisfaisante. Pas de réponse en mots. Seulement en gestes.
C’est vrai, un des plaisirs de ce travail, c’est de me taire. et malgré les bruits de la ville, c’est le silence qui s’installe.