« Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend » (Aragon)
Puis, Aragon aussi :
« Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
Du finiment grand (bouteilles, canettes…) au finiment petit (mégots, bouchons, confetti), je préfère ces derniers, qui m’invitent au plus lent, et j’entends ma respiration à l’unisson.
Une dame à sa fenêtre : « Monsieur, il y en a là aussi », et telle une vigie me guide et m’indique.
Quelques mètres plus loin, un homme, accent anglais impeccable, me signale qu’à Londres, ils ont installés des collecteurs de mégots qui paient ceux qui les remplissent. Du coup, c’est la nouvelle chasse au trésor. À creuser ?
Surprise, dix mètres plus loin, un billet de vingt euros. Aurais-je déjà ramassé tellement de mégots, qu’un ange généreux m’obole ?
Il y a quelque chose de l’ordre du « faire collection » dans le ramassage, et je retourne à l’enfance, mes timbres, mes petits coureurs cyclistes…
Une page d’une lettre ; quelques mètres plus loin une autre qui semble de la même lettre, puis une troisième, une quatrième encore, avec un mot que je parviens malgré moi à déchiffrer : Testament. Je n’y retournerai pas voir, mais il y aurait là matière à commencer un roman.
Je passe par un carrefour toujours sale ; aujourd’hui, rien à ramasser. Je souris.
J’avais pris trois sacs, pensant marcher longtemps ; c’est déjà fini.