Sorti des bras de la sœur de Morphée, d’humeur badine dans le petit matin, mais bientôt tout change ; par le rythme de mes pas, la douceur tendre des pensées vagabondes élargit le temps et l’espace.
Dans ce quartier que je crois connaître comme ma poche, je passe par des venelles jamais arpentées, c’est beau, pour me retrouver entre les maisons jaunes et vertes. Sur l’une d’entre elle, « Rayon de soleil », puis plus loin « Ici un des 19 ormes plantés le 11 novembre 2018, symbole de l’opiniâtreté de la vie à traverser les épreuves ».
Je salue le jeune arbre et ses bourgeons naissants. Je salue aussi les prunus à quelques mètres de là, déjà tous colorés de printemps. Il fait doux. Je fais les mêmes gestes, qui ne sont pourtant jamais tout à fait les mêmes, non plus que mes pas : un homme qui marche, c’est comme une danse qui s’invente à chaque instant.
Je ramasse des coquilles d’huitre. Je vois des arcs en ciel dans la rosée.
Un temps au champ, il n’y a personne.
Des oiseaux planent, je les observe longuement, puis une pie qui semble elle ne jamais planer. Les moutons sont couchés dans l’herbe, je ne les avais jamais vus comme ça. Le fond sonore incessant des automobiles trouble seul, à peine, la quiétude de ce jour tout neuf.
Le sac est plein, et le temps d’autre chose.