J’ai eu beaucoup d’activités depuis le début de la semaine, et même, ô joie, un contrat de travail ; cela ne m’était plus arrivé depuis octobre. J’ai donc dû délaisser les rues jusqu’à ce matin. Elles ne s’en portent pas plus mal.
Je ramasse un carton de « Pur natur », voyage immédiat au pays des paradoxes.
Les cerisiers du Japon de l’avenue des Ortolans sont à la fête ; un chauffeur de bus s’arrête un instant pour prendre une photo.
Je regarde les différentes feuillaisons des arbres, aucun d’entre eux n’est encore complètement opaque ; ce n’est plus qu’une question de jours. Ceci ne m’explique toujours pas comment la sève monte en dépit de la loi de la gravitation. En fait, que sais-je vraiment du mystère des arbres ?
Des cris d’enfants dans la cour de l’école, joyeux pépiement. Et eux, que font-ils de leurs mystères ?
Autres mystères encore irrésolus, les tubes à cigarettes et les cotons-tiges.
Les voiles sur les légumes du champ ondulent comme les vagues de la mer. Les maraîchères ont ressorti leurs chapeaux de paille. Les agneaux sont à l’ombre de la zone témoin, cet espace auquel personne n’a touché depuis neuf ans, pour voir ce que fait la nature quand l’homme ne fait rien.
Mon impression première n’a pas menti, les rues vont plutôt bien ; j’ai donc mis longtemps à remplir mon sac. C’est bien.